La mouche en forme de V, les pointillés, les plumes des Grand et Petit Duc… Découvrez les secrets de l’art de la pyrogravure qui participe à l’identité de nos couteaux.
Douze ans que Sébastien De La Ville officie comme coutelier dans les ateliers de la Coutellerie Nontronnaise. Parmi les tâches à accomplir qui lui ont incombé dès l’apprentissage : la pyrogravure. « Lorsque l’on arrive à la Coutellerie, on fabrique des couteaux de table Office, et dès le début il est nécessaire de maîtriser toutes les étapes : on monte et on façonne le manche on pyrogravure, on polit et on affûte. »
La pyrogravure justement… Pas facile pour le débutant d’alors : « La mouche (le V identitaire de Nontron) doit rester dans l’axe et les pointillés doivent se rejoindre. Si je n’y arrivais pas, tant pis : je démontais tout et recommençais. » L’apprenti d’alors s’entraînait sur des chutes pour peaufiner la technique.
Plumes de mouches pour les pliants Grand Duc et Petit Duc
Aujourd’hui le coutelier a acquis une certaine expérience, laquelle lui permet d’intervenir en particulier sur la pyrogravure de la collection des Grand et Petit Duc. Cette création design du Studio Monsieur revêt de nombreuses particularités, comme l’explique Sébastien :
« Les viroles de ducs sont spécifiques : elles arrivent à plat avec les trous et les arrondis sur les bords, nous les tournons à la main.
Pour offrir l’aspect des plumes du modèle final, la pyrogravure des manches consiste en une reproduction des mouches : chaque V inversé est collé au précédent pour que les mouches se touchent entre elles. Pour accomplir cette tâche, les fers initiaux de 25 pour le Grand Duc et de 22 pour le Petit ont été adaptés en enlevant les 3 points.
« Pyrograver un manche de ce modèle prend du temps, une quinzaine de minutes. Une période que j’apprécie, c’est une forme de méditation »
Enfin, spécifiquement pour le Petit Duc, une fois le couteau monté, la lame de 22 doit être customisée pour obtenir la forme finale. Et voilà, les mouches sont devenues plumes… »
Des gestes et des outils précis
Que ce soit pour les couteaux pliants ou nos produits d’art de la table, les gestes sont les mêmes, en 3 étapes bien définies :
« 1/ Je tiens le fer de la main forte et le couteau par la lame de l’autre main ;
2/ Je pose le manche sur un support ;
3/ Je marque le manche. »
Pour chaque dessin existe un pyrograveur spécifique : l’atelier possède divers fers pour les pointillés, plusieurs pour les mouches avec points d’un couteau 25 et d’un couteau 22. Pour la pyrogravure de la collection Duc : deux fers mouches de 25 et de 22 sans points sont utilisés.
La pyrogravure de nos couteaux est indissociable du buis, véritable ADN des couteaux de Nontron. Aux yeux du coutelier elle est parfaitement transposable sur du genévrier, de l’amarante, olivier, noyer, bois de rose… Selon la tendreté ou la dureté de chaque matière, l’opération sera différente : moins de temps de contact et moins d’appui pour les bois les plus tendres.
Retrouvez la visite de Julie Andrieu à Nontron et son essai de pyrogravure