Amélie Boucaud et Noémie Brachet sont vendeuses polyvalentes au sein de la boutique de l’atelier de la Coutellerie Nontronnaise, Place Paul-Bert à Nontron, elles nous parlent de leur métiers, de leurs couteaux préférés, du couteau de Nontron et bien sûr… de la Coutellerie Nontronnaise.
Noémie, depuis combien de temps travaillez-vous au sein de la Coutellerie Nontronnaise ?
Je suis entrée à la Coutellerie Nontronnaise en 2006 comme stagiaire auprès de Stéphanie et de Claudine. Ce sont elles qui m’ont guidée dans mon apprentissage. Elles m’ont initiée aux produits, aux valeurs de transmission qu’ils représentent. Je suis nontronnaise, mon grand-père possédait des couteaux office et un pliant toujours dans sa poche. Il se servait des premiers pour couper les salades, du second pour les repas, comme mon arrière-grand-mère d’ailleurs ; le couteau de Nontron était déjà dans ma vie depuis longtemps.
Et vous Amélie ?
En 2010. Je connaissais déjà la Coutellerie Nontronnaise, j’y avais fait mon stage de secrétaire-comptable en sortant de l’école. Mes grands-parents étaient agriculteurs, mon grand-père avait toujours un couteau pliant Nontron dans sa poche pour les repas, pour tout faire et j’allais à l’école à Nontron. L’ensemble fait que quand j’ai eu la possibilité de rentrer à la Coutellerie nontronnaise, je ne me suis pas posée de question ; c’était un choix naturel pour moi.
Quel sont vos premiers souvenirs marquants ?
Amélie : L’odeur du bois, c’est mon premier souvenir.
Noémie : Moi aussi c’est l’odeur du bois et le présentoir où sont installés tous les couteaux.
Amélie : Ah oui, c’est vrai, il y avait aussi le présentoir à l’entrée.
Vous êtes toutes deux vendeuses polyvalentes au sein de la boutique de l’Atelier, en quoi cela consiste-t-il ?
Nous nous occupons de la vente sur le site, de la vente de couteaux en ligne, du conditionnement, des commandes, de l’expédition et du contrôle qualité. Nous vérifions l’intégrité du bois du manche, la stabilité de la virole…
De plus, nous assurons la pyrogravure sur les manches et la gravure sur les lames pour la personnalisation des couteaux. D’ailleurs, nous bénéficions de la proximité de l’atelier. C’est vraiment diversifié comme poste, mais Stéphanie nous a bien formées à la vente qui repose avant tout sur une très bonne connaissance de nos couteaux.
Comment procédez-vous et quelles sont les demandes de vos clients ?
La pyrogravure est une technique de gravure par combustion des manches, nous procédons en général sur des bois clairs, c’est aussi possible sur des essences plus foncées comme les manches en noyer. On nous demande principalement d’inscrire des initiales.
Sur la lame, ce sont surtout des noms, des prénoms, un grand-père qui vient faire graver le prénom de son petit-fils… Il faut savoir que la gravure sur lame exige une lame d’une longueur d’au moins huit centimètres.
Noémie : Nous gravons également des lames de couteaux à pain. Il y a parfois des demandes plus spécifiques, des phrases, « comme Amour toujours … »
Je me souviens d’un monsieur qui avait souhaité faire graver son numéro de téléphone sur la lame. Il m’avait dit : « si je le perds, on me le rapportera » (sourires)
Amélie : Moi, Je me souviens d’une autre anecdote. Un jour, j’ai vu entrer une dame qui avait déjeuné dans un restaurant qui s’appelle « la Table de Pavie » et qui utilise nos couteaux. Elle en avait gardé un souvenir extraordinaire, elle m’a demandé de graver « La Table de Martine » sur la lame des couteaux de table TD en ébène qu’elle venait d’acheter. C’était son prénom. (sourires)
Avez-vous noté une saisonnalité dans ces demandes ?
Bien sûr ! Il y a deux moments vraiment forts : à Noël et en février à la Saint-Valentin. L’été est aussi une période animée.
Et s’agissant des visiteurs, pouvez-vous nous indiquer une répartition ?
C’est une clientèle essentiellement locale ou de vacanciers hexagonaux. Les étrangers s’intéressent moins à ce genre de service. Américains ou Anglais viennent surtout pour nos couteaux art de la table. Récemment, nous avons reçus deux couples d’américains. Les deux épouses ont acheté chacune un coffret de six couteaux bleu ciel manches en acrylique pour les assortir avec leurs deux salles à mangers qui étaient toutes les deux bleues.
Quels sont et demeurent vos plus grands défis ?
L’informatisation de toutes les données et des stocks. Il a fallu que nous nous adaptions. L’organisation des stands est aussi toujours une occasion importante, car elle nous permet de mettre en valeur nos techniques et le savoir-faire particulier de la Coutellerie Nontronnaise. Donc, il est important que le stand soit beau et bien aménagé.
Quelle a été votre plus grande source de fierté ?
La participation à la conception et à la fabrication du couteau MAMZ’ELLE présenté au concours coutelier de la fête du couteau en 2021. L’équipe nous a complètement intégrées, ils nous ont laissé intervenir à toutes les étapes jusqu’à la fabrication ; nous avons pu enrichir notre expérience et acquérir une vraie compréhension du couteau. De plus, le MAMZ’ELLE mettait les femmes à l’honneur ! C’est l’un de nos plus beaux souvenirs.
Quels sont vos couteaux préférés ?
Amélie : Le pliant à boule classique n° 22 que je trouve très joli ou les couteaux office aussi dont je me sers à la maison.
Noémie : Le cran d’arrêt en buis, j’en ai toujours un dans ma poche ou dans mon sac, c’est un couteau qui a une histoire. J’aime aussi beaucoup les couteaux office.
Avez-vous chacune une attribution particulière ? Comment vous partagez-vous le travail ?
Non, nous n’avons pas d’attribution spécifique car nous sommes très polyvalentes. On ne se partage pas le travail ! On le fait ensemble avec notre troisième collègue, Sandrine.
Noémie : En réalité, nous sommes un peu plus que trois collègues, ce qui facilite la communication. (sourires)
Amélie : Sandrine et Noémie ont été mes deux témoins de mariage.
Que représente pour vous le fait de travailler pour la Coutellerie Nontronnaise ?
Pouvoir transmettre notre patrimoine régionale, le faire découvrir, évoquer les savoir-faire de nos collègues et mettre en avant de très beaux objets donc c’est un privilège.