Né à Périgueux, son coup de crayon fut à la mode au début du XXe. Découvrons ensemble Sem, dont les oeuvres apparaissent dans une exposition à Paris.
Dans le cadre de l’exposition Boldini, les Plaisirs et les jours, le Petit Palais parisien consacre jusqu’au 24 juillet prochain, une salle à la présentation des gravures et dessins de celui qui fut l’un des grand amis du peintre et l’un des plus célèbres caricaturistes du Tout-Paris de la belle époque : le Périgourdin Sem.
Belle lame Nontron pour plume de génie
C’est pour nous l’occasion à la Coutellerie Nontronnaise de revenir sur le parcours singulier de cet enfant terrible du Périgord auquel nous nous permettons de dédier le modèle pliant au manche en ébène marqueté d’un liseré en olivier que nous imaginons parfaitement glissé dans la poche de l’élégant dandy du magnifique portrait de Boldini.
Le coup de crayon de Georges Goursat
Il naît Marie Joseph Georges Goursat, le 22 novembre 1863 à Périgueux dans une famille de riches négociants de la place Francheville. Ainé de neufs enfants, il est destiné à reprendre les affaires familiales. Las ! Il n’y a que le crayon et le pinceau qui le fassent vibrer, sitôt le collège achevé, le voici qui se forme auprès d’Alfred Bertoletti. Se choisissant comme maître Cham, autrement-dit le dessinateur Amédée de Noé, il prend naturellement le pseudonyme de Sem, fils de Cham dans la bible.
Ses débuts sont régionaux puis hexagonaux, imposant son personnage d’artiste chic et excentrique d’abord dans la capitale dordognaise puis à Bordeaux et Marseille et enfin de façon irrégulière dans les salons de la rive droite de la Seine, collaborant ainsi avec le tout nouveau et déjà très huppé restaurant Maxim’s dont il dessine, notamment, les menus (nous vous livrons ci-dessous le contenu de celui du 1er janvier 1899).
Ses premières caricatures respectent les canons du genre : des personnages aux grosses têtes sur des corps sous-dimensionnés. Très vite, Sem abandonne cette facture pour développer un style d’une incroyable diversité qu’il s’agisse du dessin, des formats ou des supports.
En 1900, il est à Paris, à l’occasion de l’Exposition Universelle et cette fois il y reste devenant assez vite l’une des célébrités du tout-Paris de la belle époque. Ami du peintre Giovanni Boldini et de Paul Helleu, l’autre grand peintre mondain proche de Robert de Montesquiou, Sem est de toutes les fêtes, de toutes les danses et de toutes les performances sportives. On le voit sur les planches à Deauville, Trouville, à Longchamps, aux courses qui lui inspirent son premier grand succès, l’album Le Turf, à Monaco, partout où se trouve cette société fortunée, insouciante et raffinée qui fait sa notoriété.
Son trait vif, précis, ses figures, et ses silhouettes célèbres (Nijinski, Alexandre Astruc, l’actrice Polaire…) ou anonymes aux aplats de couleur vifs, cernés d’un trait noir, sa maîtrise technique de la reproduction font de lui l’un des premiers dessinateurs de presse à élargir le genre en y introduisant des éléments qui inscrivent clairement son travail dans les courants artistiques de l’époque.
Les caricatures de Sem sont parfois très cruelles mais toujours esthétiques. C’est que derrière le dilettante se cache un travailleur acharné qui touche à tous les mediums, affiches, éditions, livres, albums… précurseur de ce qu’on appelle aujourd’hui « l’identité graphique ».
De la guerre au jazz
1914 marque la fin de ce monde et un tournant dans la carrière de Sem qui suit la guerre comme correspondant pour Le Journal. Ces dessins et écrits, comme Clemenceau dans les tranchées, seront réunis dans Un pékin sur le front. Sans dénoncer de façon directe, l’horreur des combats, ses croquis témoignent d’une conscience aiguë de la réalité.
Au retour du conflit, la réputation de Sem, qui a maintenant passé la cinquantaine, est bien établie. Les années vingt sont, certes, un moment de relatif retrait mais qui ne le fait pas disparaître de la scène artistique parisienne. Il observe l’arrivées des voitures, les début du Jazz, les coiffures à la garçonne, les jupes qui raccourcissent, autant de changements de société qu’il décrit et raconte avec son impitoyable ironie dans les trois albums Le Nouveau Monde ou encore dans son dernier album White Bottom.
1934, un signe, voit la disparition de Sem à Paris dans son domicile parisien à l’âge de 71 ans.
Resté un périgourdin de cœur, c’est dans le cimetière de la capitale dordognaise qu’il aura choisi de se faire enterrer.
Un menu pour Maxim’sMenu du Restaurant Maxim’s du 1er janvier 1899 (illustré par Sem) Potages Bisque 2,30 Saint-germain Colbert 1,25 Poissons Côtelettes de homards sauce crevette 2,30 Filet de sole aux moules 1,50 Goujons frits 2,30 Langouste rémoulade 1/4 3 FR. Entrées Civet de bœuf aux pommes Macaire 1,30 Petit poulet en cocotte paysanne 7 FR. Jambon épinards 1,30 Tournedos Rossini 4 FR. Poulet sauté aux tomates fraîches 1/4 3,50 Rots Poulet, selon la grosseur 1/2 selle d’agneau 7 FR. Caneton 12 FR. Viandes froides Bœuf mode 1,30 Perdreau farci à la gelée 12 FR. Terrine de bécasse 2,30 par personne Légumes Asperges 4 FR. Tomates, choux-fleurs, artichaut 2FR. Salade de légumes 2,50 Entremets Parfait 2,50 Glace 1,50 Glace fin de siècle 2 FR. Desserts Fraises, cerises, crème, amandes…. (Pas de prix) |
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(photo de Une : portrait de Sem, exposition Boldini, les Plaisirs et les jours, (photo Coutellerie Nontronnaise).