Romuald Lacombe est artisan coutelier au sein de La Coutellerie Nontronnaise depuis 32 ans. Il nous parle de son métier, une passion qu’il a découverte très jeune, des savoir-faire, des traditions coutelières qui ont su évoluer et bien sûr… de La Coutellerie Nontronnaise.

Romuald, vous vous décrivez comme un artisan coutelier avant tout, qu’entendez-vous par là ?

Il y a plusieurs approches et plusieurs métiers dans de la coutellerie. Il y a les tourneurs-ébénistes qui façonnent le manche, les artisans-couteliers qui montent et s’occupent des lames et puis la vente. Certains sont plutôt polyvalents, moi je travaille exclusivement dans l’atelier de montage. Le montage est un domaine très diversifié, il y a beaucoup d’étapes, on monte la virole, la lame, on ajuste le manche etc. puis on vérifie que la virole tourne à droite et à gauche, que la lame est bien droite enfin on la polit, on l’affûte puis on la grave. Ce n’est jamais répétitif. De plus, j’opère aussi au sein de l’atelier réparation, donc je nettoie, je repolis des modèles anciens et parfois je vois arriver des vieux couteaux avec des formes que je n’avais jamais vues, cela aussi est très agréable. Un jour, on nous a apporté un vieux cran d’arrêt retrouvé enterré dans un jardin. Je l‘ai remis en état sans trop le toucher pour ne pas le casser car il était très rouillé et les gens l’ont gardé en souvenir.

A quelle âge êtes-vous entré à La Coutellerie Nontronnaise ?

Je suis presque né coutelier (sourires). J’avais 14 ans, c’étaient les vacances et je m’ennuyais. Nos voisins (Bernard et Claudine Faye) qui s’occupaient de la Coutellerie Nontronnaise m’ont proposé de venir faire un stage. Au début, je triais les couteaux, je dressais les inventaires, j’observais puis peu à peu, on m’a montré et j’ai commencé à monter. J’ai tout de suite beaucoup aimé le métier.

Quel est votre premier souvenir marquant ?

Mes premiers souvenirs sont ceux d’une très vieille entreprise. Il faisait froid, nous nous chauffions au poêle à bois, les machines étaient anciennes et tous les ateliers n’étaient pas regroupés. Avec le nouveau bâtiment, tout a changé ; tout d’un coup, c’était grand et lumineux. Aujourd’hui, les conditions de travail sont confortables, tout est au même endroit, on voit la clientèle : cela n’a rien à voir.

Quel a été votre plus grand défi ?

Réaliser une belle pyrogravure, c’est très minutieux. Il faut placer les mouches vraiment au bon endroit. Parvenir à fabriquer les couteaux miniatures, ceux destinés aux coquilles de noix et même ceux pour les coquilles de noisettes a constitué aussi une étape assez difficile de mon apprentissage.

Quelle a été votre plus grand fierté ?

Réussir le couteau Eric Raffy que j’aime beaucoup. C’est un modèle design un peu compliqué à faire. Le fabriquer a enrichi ma pratique d’artisan-coutelier, y compris pour la fabrication des couteaux traditionnels.

achter en ligne le couteau Nontron design Eric Raffy

Quel est votre couteau préféré ?

Mon couteau préféré est le modèle Nontron de poche à cran d’arrêt forcé, celui en buis. C’est un couteau historique. Mais j’aime tous les Nontron. A la maison, nous ne nous servons que des couteaux de la Coutellerie Nontronnaise, à la cuisine comme sur la table…

acheter en ligne un couteau à cran d'arrêt Nontron buis

 

Que représente pour vous le fait de travailler à La Coutellerie Nontronnaise ?

Je vis à Saint-Martial-de-Valette qui est à 2 kilomètres de Nontron et toute ma famille est Périgourdine. Au bout de trente-deux ans, c’est donc très gratifiant de pouvoir toujours travailler à La Coutellerie Nontronnaise. Il y a une histoire de transmission. Comme je suis l’un des plus anciens, on vient me demander conseil, ce qui ne m’empêche pas d’aller en demander moi également. (sourires)

De plus, je suis gaucher donc il a fallu que j’adapte ma façon de faire. On ne tient pas les outils et on n’opère pas sur les machines de la même façon qu’un droitier. Ainsi, quand un autre artisan-coutelier gaucher a été engagé, j’ai été chargé de sa formation. J’ai pu partager et transmettre les savoir-faire que j’avais acquis.

A votre avis que représente La Coutellerie Nontronnaise pour la ville de Nontron ?

C’est un très belle entreprise, de vieilles traditions que l’on a su renouveler grâce aux nouveaux modèles. Le couteau de Nontron et la Coutellerie Nontronnaise sont très importants pour la région. En montrant mes couteaux, je me suis souvent rendu compte que les gens connaissaient et identifiaient le lieu d’où ils venaient. La Coutellerie Nontronnaise est un symbole.

Portrait de Romuald Lacombe, artisan coutelier