Guillaume Naboulet est artisan coutelier au sein de la Coutellerie Nontronnaise. « Périgourdin pur fer » comme il se décrit lui-même.
Dans cette rencontre, Guillaume nous parle de son métier, de son histoire, de savoir-faire, de ses couteaux coups de cœur, du couteau de Nontron et… bien sûr de la Coutellerie Nontronnaise.
Guillaume, vous êtes artisan coutelier, en quoi cela consiste-t-il ?
L’artisan coutelier est celui qui monte, assemble le couteau. Il faut savoir que la fabrication d’un couteau réclame la réalisation d’environ cinquante étapes. Ainsi, pour les pliants, c’est l’artisan coutelier qui roule les deux viroles, celle en inox et par-dessus celle en laiton. Il effectue le polissage de la lame et bien sûr son affûtage. Il réalise ce qu’on appelle l’insert, il introduit la lame dans le manche qu’il pyrograve. Quand il s’agit d’un couteau avec une lame Damas, c’est à l’artisan coutelier que revient la tâche de la « révéler ». Les lames Damas arrivent « brut ».
Les « révéler » signifie les tremper dans un acide spécifique, puis les polir afin de faire apparaître les motifs. Il ne faut jamais oublier que dans la coutellerie, la transmission est principalement orale ; très peu de consignes sont écrites. Il faut donc avoir une bonne mémoire et un coutelier est un artisan polyvalent. Par ailleurs, la gestuelle d’un artisan coutelier est très personnelle.
Qu’entendez-vous par là ?
Deux artisans couteliers ne vont pas forcément effectuer les étapes dans le même ordre. Certains vont poncer avant, d’autres après, ils n’utiliseront la même force de bande. Les finitions se font à la lime, chacun a sa façon de la tenir, de l’utiliser. Parfois, on expérimente de nouvelles techniques. Tous ces éléments expliquent pourquoi chaque couteau est vraiment unique et pourquoi chacun d’entre nous reconnaît son travail.
Depuis combien de temps travaillez-vous à la Coutellerie Nontronnaise ?
Je suis arrivé en 2011 et j’ai aujourd’hui 35 ans. Je n’ai pas toujours été artisan coutelier mais j’ai toujours aimé les couteaux et je voulais travailler dans ce domaine. De plus, je souhaitais revenir à Brantôme car dans ma famille, on est des Périgourdins « pur fer ». Or la Coutellerie Nontronnaise est l’entreprise phare du département.
Quel est votre premier souvenir marquant ?
Quand j’ai franchi le seuil. Je me suis retrouvé à l’intérieur du bâtiment. Tous les matériaux, tous les postes de travail et toutes les tâches, c’était vraiment impressionnant.
Quel a été votre plus grand défi ?
La fabrication du couteau miniature. Je suis le dernier à qui l’on a transmis la méthode. A l’origine, c’étaient des couteaux de démonstration. Il y a la petitesse de l’objet dont la dimension se situe entre 5 millimètres et 1 centimètre, le fait de fabriquer la baguette, la virole, la coquille de noix ou de noisette dans lesquelles iront se loger le couteau ou les couteaux et l’affûtage de la lame. On n’est plus tout à fait dans la coutellerie ou dans l’ébénisterie, c’est un travail de bijouterie. Cette expérience m’a considérablement servi pour la réalisation des couteaux porte-clé CF N.10 et CF N. 10 PC.
Quelle a été votre plus grande fierté ?
Le couteau écolo que nous avons présenté à la fête du couteau et pour lequel nous avons reçu le premier prix du concours de création coutelière. C’était un travail collectif. Quand on est huit, il faut arriver à se mettre d’accord. De plus, nous avons utilisé des matériaux et des techniques dont nous n’avions pas l’habitude. Participer à la réalisation du couteau écolo reste pour moi une vraie source de fierté.
Quel est votre couteau préféré ?
Le couteau de table d’Éric Raffy en buis, je le trouve très beau. J’aime également beaucoup le couteau traditionnel n°25 avec le manche boule.
Que représente pour vous le fait de travailler pour la Coutellerie Nontronnaise ?
C’est la Coutellerie Nontronnaise qui m’a formé et il faut trois ans pour devenir un artisan coutelier opérationnel. J’ai commencé par un stage, je suis revenu en stage une fois, puis encore une nouvelle fois. Je me suis obstiné, finalement j’ai été engagé. Je suis très attaché au fait-main de nos couteaux et à notre savoir-faire. C’est fantastique de travailler dans une entreprise où on fabrique quelque chose d’unique.
A votre avis, que représente la Coutellerie pour la ville de Nontron ?
C’est un vrai symbole pour la région donc un atout exceptionnel pour la ville de Nontron.