Buis, houx… Noël est l’occasion d’un retour sur ces frères jumeaux à la riche symbolique et dont la coutellerie nontronnaise a su faire le meilleur usage pour les manches de ses couteaux made in Périgord vert.

Ils sont presque interchangeables et ils sont tous les deux liés à la tradition chrétienne : le houx est au début de l’histoire, le buis à la fin. Ils ornent nos jardins d’agréments depuis au moins le XVIIe siècle. Sculpteurs, tabletiers et couteliers les utilisent.

Le buis appartient à la faille des Buxacées qui regroupe environ 90 espèces originaires de tous les continents. Ce sont des arbres ou des arbrisseaux toujours verts (feuilles opposées persistantes) qui croissent lentement. Ils supportent l’ombre mais ils préfèrent les coteaux arides. A l’état sauvage, on les trouve principalement aux îles Baléares, (le nom savant de l’espèce est Buxus balearic), en Sardaigne où en Andalousie. Il existe également d’autre espèces dont le buis commun (Buxus sempervirens)

Le nom est issu du terme latin « buxus », il va donner « boiste » en ancien français, XIIe siècle puis boîte. Il est aussi l’ancêtre de la « box » anglaise.

 

Buis, le bois roi

Le buis est lié à la célébration des rameaux (on dit également cérémonie des palmes en raison de la forme de ses feuilles) qui se déroule le dimanche précédant le dimanche de Pâques. Entrant à Jérusalem, Jésus est accueilli par une foule agitant des rameaux de buis. La tradition chrétienne veut que le buis soit brûlé le lendemain du Mardi gras, le Mercredi des cendres et que ces dernières soient apposées sur le front des fidèles, en symbole d’immortalité.

Brillant après polissage, le buis est l’un des matériaux préférés des tabletiers notamment pour la fabrication de coffrets à cigares ou la confection de pièces d’échecs. Il est le bois d’élection de la Coutellerie Nontronnaise, l’essence identitaire éclairant de sa couleur blonde, la main du collectionneur.

Houx, manches immortels

Comme son alter ego, le houx est un arbuste à caractère ornemental. C’est l’une des nombreuses espèces du genre Ilex (rassemblant des arbrisseaux à feuilles persistantes souvent piquantes et produisant des baies). De cette famille, le houx est la seule plante qui pousse spontanément en Europe.

Ces rameaux couverts sont recherchés au moment des fêtes de Noël. Le houx est considéré comme une des plantes du nouvel an avec le buis, bien sûr, mais aussi le laurier, l’if, le lierre, le genévrier et l’ajonc.

Si le buis est latin, le houx est plutôt germanique, dérivant de l’ancien haut allemand hulis. Le monde occitan le connaît d’ailleurs sous le nom de grefuèlh issus directement du latin acrifolius, à l’origine de toponymes divers Aigrefeuille en Haute-Garonne, Grandfuel en Aveyron ou encore Griffeuille à Arles.

Arbre biblique, le houx est associé à la naissance de l’Enfant Jésus. Au moment du massacre des innocents, destiné à éliminer celui que les textes prophétiques annoncent comme le roi des juifs, Marie, Joseph et l’enfant s’enfuirent en Égypte. Selon la légende à l’approche d’une troupe de soldats, ils se cachent dans un buisson de houx, qui étend alors ses branches pour dissimuler la Sainte Famille. Sauvés, Marie bénit le buisson de houx en souhaitant qu’il reste toujours vert, conférant à l’arbre, également une valeur d’immortalité.

Si on le connaît fin et garni de baies rouges (assez toxiques), on oublie que le houx peut atteindre jusqu’à 25 mètres de hauteur. Dur, lourd, son bois est ainsi facile à polir, parfait pour la fabrication de couteaux Nontron. Utilisé jadis en ébénisterie, il servait à fabriquer des jeux d’échec, des placages ou encore des instruments de dessin…

En revanche, à tous ceux qui espèrent le mariage, inutile de s’embrasser sous une branche de houx ou un rameau de buis, c’est sous le gui qu’il faut entraîner l’élu de son cœur. Plante parasite, elle est considérée comme une plante sacrée par les gaulois qui lui prêtent des vertus diverses dont celle de favoriser la fécondité, elle serait donc la seule à pouvoir faire attraper la maladie…d’amour.