Si le couteau de Nontron évoque immédiatement une forme emblématique, un motif pyrogravé unique et un attachement profond au travail manuel, c’est en grande partie grâce à l’héritage laissé par la famille Bernard. Véritables pionniers de la tradition coutelière locale, ces artisans ont, génération après génération, façonné bien plus que des lames : une identité, un style, une signature.
La dynastie Bernard : deux siècles d’excellence coutelière à Nontron
Ce deuxième volet vous invite à plonger dans cette saga artisanale, avec pour fil rouge le geste précis du coutelier et l’empreinte durable d’une famille sur l’histoire d’un village.
Outre sa longévité, c’est la maestria et le savoir-faire de ses représentants qui distinguent la dynastie coutelière Bernard.
Dans les rues de Nontron, chaque pavé semble murmurer l’écho d’un savoir-faire ancestral. Parmi les figures emblématiques de la coutellerie nontronnaise, la famille Bernard occupe une place de choix. Près de deux cents ans d’histoire, de gestes précis et de passion pour la lame que nous proposons de vous conter.
Une saga artisanale racontée par un journaliste peu impressionné !
En 1903, le journaliste Victor-Eugène Ardouin-Dumazet traverse le Périgord. Dans son œuvre monumentale Voyage en France, il s’arrête à Nontron et découvre la Coutellerie « Bernard Fils ». Le ton est piquant :
« La coutellerie renommée dont parlent les guides est pour ainsi dire une amusette… »
Un jugement sévère, peut-être injuste, car à cette époque, Pierre Bernard, figure de proue de la dynastie, approche de la retraite. Et quelle dynastie ! Depuis 1790, les Bernard forgent, affûtent, et transmettent.
Des origines certifiées au cœur du Nontronnais
L’histoire démarre officiellement devant notaire en 1790. Jean « Coucaille » Bernard et son frère Bertrand « Minau » sont les premiers à porter le titre de coutelier.
Bertrand perpétue la tradition avec ses deux fils, dont Guillaume, l’arrière-grand-père du fameux Pierre. La coutellerie, quant à elle, change d’adresse à travers les siècles : d’abord rue des Étanches, puis rue des Tanneurs, aujourd’hui rebaptisée rue du 11-Novembre.
Un bestiaire de lames
Quels types de couteaux sortaient des ateliers Bernard ? Si l’on considère les marquages, on peut déjà admirer grand nombre des modèles de couteaux de poche actuellement proposés par la Coutellerie Nontronnaise comme le couteau sabot, le modèle à double virole, un modèle « géant », le modèle à queue de poisson ou encore des couteaux de table … tous pyrogravés de la célèbre voûte surmontée des trois points.
… et des chefs-d’œuvre miniatures
Par ailleurs ce qui semble caractériser le coutelier Pierre Bernard, note notre journaliste, est son habilité et celle de ses ouvriers à réaliser les célèbres couteaux miniatures. Il rapporte que Pierre Bernard affirme en avoir fait rentrer 300 dans une coquille de noisette ! Il avait vingt-cinq ans.
Retrouvez notre zoom sur les couteaux miniatures
Une alliance stratégique et le renouveau de la coutellerie
A l’époque, nous sommes au début du XXe siècle, de nombreuses forges ont disparu et le couteau de Nontron a perdu un peu de sa fonction d’outils. Les touristes l’achètent en souvenir, miniatures accrochées à un ruban ou à un cordon.
Il faudra attendre la guerre de 14-18 pour que l’activité soit pleinement relancée, dopée par la production d’un couteau à cran d’arrêt qui équipera les poilus durant le conflit.
Notre article historique sur le couteau du soldat
En outre, un mariage, et l’union avec la famille Petit, une autre dynastie de couteliers nontronnais, donne naissance à un nouveau chapitre : la création de « La Coutellerie Nontronnaise », celle-là même qui perdure aujourd’hui… mais c’est une autre histoire !
Un livre pour tout savoir sur le couteau de Nontron
Toutes ces informations sont principalement issues de l’ouvrage de Bernard Givernaud : « Le Couteau de Nontron » publié aux éditions De Borée. Achetez en ligne le livre sur l’histoire du Nontron |
