Benoît Batissou est chef d’atelier au sein de la Coutellerie Nontronnaise, il nous parle de son métier, de son parcours, de son coup de cœur, du couteau de Nontron et bien sûr… de la Coutellerie Nontronnaise.
En quoi consiste le métier de chef d’atelier ?
La coutellerie est un domaine où le travail est à la fois très individuel et très collectif. Fabriquer un couteau signifie beaucoup d’étapes et des interventions qui peuvent être faites par la même personne ou par des personnes différentes. Être chef d’atelier, c’est avant tout une fonction d’écoute : parfois il s’agit de problèmes techniques, parfois ce sont des problèmes plus généraux ; aussi il faut être disponible. En second lieu, il faut savoir distribuer le travail de façon rationnelle et efficace et, le cas échéant, proposer des solutions. Autrement-dit, il faut avoir une bonne connaissance des différents aspects du métier de coutelier et de tourneur-ébéniste.
Depuis combien de temps travaillez-vous à la Coutellerie Nontronnaise ?
Il y a maintenant vingt-et-un ans que j’y suis entré. Mon premier métier était ébéniste. A la suite d’un accident qui m’interdisait de longues stations debout, j’ai dû me reconvertir. C’est ainsi que je suis devenu tourneur-ébéniste et coutelier. Et depuis quatre ans, je suis chef d’atelier.
Continuez-vous de fabriquer des couteaux ?
Bien sûr ! J’assure même la formation au sein de la Coutellerie Nontronnaise ; le montage, la fabrication du Couteau de Nontron de A à Z, c’est moi. (sourires)
Quel est votre premier souvenir marquant ?
La première fois que j’ai vu l’atelier et les couteaux qui en sortaient, je me suis dit : « cela ne va pas être facile ». Il y a des couteliers ou des tourneurs-ébénistes qui ont une dextérité naturelle, ce n’était pas tout à fait mon cas. Mais j’ai pensé, je vais y arriver et je disais à mon chef : « si vous y arrivez je ne vois pas pourquoi je n’y arriverais pas », ce qui le faisait sourire.
Quel a été votre plus grand défi ?
Chaque manche est différent à cause du geste qui est personnel et fondamental du début jusqu’au passage à la bande* et à la finition. Entre nous, on reconnait qui a fait le couteau spécifique à certains détails. Donc réussir chaque moment est vraiment important. Mais mon plus grand défi reste quand même le couteau N°1 du fait de son effet « wahou », Il est orné d’un manche sabot et il est immense. Le modèle est toujours disponible à la commande.
Quel est votre couteau préféré ?
Sans hésitation, le couteau à double virole. Je le trouve beau et élégant.
Retrouvez les secrets de fabrication des viroles de Nontron
|
Que représente pour vous le fait de travailler pour la Coutellerie Nontronnaise ?
Quand on franchit les portes de la Coutellerie, on sait qu’on bénéficie d’un héritage ancestral de patrimoine et de savoir-faire. Comme tous les collaborateurs, j’ai à cœur que celui-ci perdure même après mon départ. Il y a une dimension d’ancrage dans le territoire et dans une histoire. Pour autant, la Coutellerie Nontronnaise est ouverte sur le monde, il n’y a pas de secrets bien gardés, pas de fermeture, tout le monde peut visiter nos ateliers. De plus, c’est une entreprise qui a compris que pour continuer à vivre, il fallait créer de nouveaux modèles. Participer à cette démarche, c’est une véritable fierté.
Quelle est l’importance de l’entreprise pour la ville de Nontron ?
Je suis Nontronnais. Il faut savoir qu’ici, chacun a un voisin ou un membre de sa famille qui travaille à la Coutellerie Nontronnaise ou y a travaillé. La Coutellerie est un symbole de patrimoine mais sa force est qu’elle n’est pas seulement cela. Avoir construit le bâtiment à côté du château abritant le Pôle expérimental des métiers d’art, c’était énorme, c’était combiner modernité et tradition. Aujourd’hui, la Coutellerie Nontronnaise contribue activement au dynamisme actuel de la ville et de la région en matière d’artisanat et de métiers d’art.
*Passage à la bande désigne l’action de passer la lame et le manche du couteau sur une bande abrasive pour les polir.
